Une histoire tragique se trouve à l'origine de la création de l'Îlot.
Un ami de Jean-Jacques Pagnano, fondateur de l’Îlot, fut envoyé en prison pour un accident de voiture meurtrier commis sous l’effet de l’alcool. Quelques-uns de ses compagnons de détention, une fois libérés, se sont retrouvés complètement perdus. Ainsi sont nées les maisons d’accueil l’Îlot dont les premières missions étaient de proposer un toit et d’accompagner au retour à la vie « normale » les personnes sortant de prison. Depuis plus de 50 ans désormais, l’association a toujours choisi de porter une attention toute particulière à ces personnes, dont l’accompagnement a été au cœur de son projet associatif mais également le moteur pour imaginer des dispositifs novateurs de réinsertion.
L'engagement de l'Îlot à Amiens
Après trois maisons d’accueil ouvertes en Île-de-France entre 1969 et 1977, l’Îlot débute ses premières activités à Amiens, dans la Somme, en s’installant au cœur de la ville, rue des Augustins en 1973, dans un établissement scolaire autrefois tenu par une communauté de religieuses. Ses premières actions sont tout d’abord centrées sur l’aide apportée aux migrants vietnamiens, au cœur de l’actualité de l’époque, puis s’étendent à un accueil de nuit pour les sans abris. Il sera bientôt complété par un accueil de jour, avec la création de ce qui deviendra plus tard la Balise sociale et le Restaurant social. En 1979, l’association ouvre le Foyer de nuit pour sans-abri, rue Louis Thuillier. Amiens est une décision d'opportunité pour les fondateurs. L'occasion s'est présentée par la disponibilité de grands locaux, achetés à un prix abordable, dans cette ville dont une partie importante de la population souffrait durement d'exclusion économique et sociale.
C'est en 1984 à Amiens que la maison d'accueil de la rue Louis Thuillier se transforme en foyer pour familles en difficulté, tandis que le foyer d’accueil de nuit pour sans-abri déménage dans la maison d’accueil de la rue des Augustins.
Les premiers ateliers d'insertion
En 1990, la nécessité de procurer une activité d'insertion pour les personnes hébergées dans les foyers d'Amiens aboutit à la création des premiers ateliers d'insertion : Auto Bleue (qui, dans un premier temps, consistera dans le démontage de véhicules hors service pour la revente de pièces détachées) et l'atelier d’artisanat, qui se lance dans le paillage et le cannage de sièges.
Des évolutions selon les besoins sociaux des territoires
La décennie 1990 et le début des années 2000 voient évoluer certaines activités, au vu des besoins sociaux que l'Îlot identifie sur les territoires dans lesquelles elle est implantée et à la demande des pouvoirs publics.
- À Amiens, le foyer pour familles de Thuillier s'ouvre à l'accueil en urgence de femmes seules.
- L'accueil de jour des sans-abri de la rue des Augustins à Amiens devient la Balise sociale et élargit ses services.
- A Paris, l'Îlot crée un lieu spécifique de "retrouvailles", d'écoute et de soutien pour les anciens résidents (rue Nobel, dans le 18ème), animé par des bénévoles et qui fonctionnera jusqu'en 2005.
L'année 2003 voit le rattachement à l'Îlot du principal centre d'hébergement pour hommes seuls de la Somme, La Passerelle, jusque-là gérée par une autre association, ancrant davantage les missions de l'association dans l'accueil d’urgence des sans-abri.
Puis en 2005, après concertation avec l'administration pénitentiaire, notre établissement du 11ème arrondissement de Paris est le premier centre français d'hébergement collectif à accueillir des personnes placées sous surveillance électronique (PSE).
2007 : Le nouveau projet associatif de l'Îlot
2007 est une année majeure de l'histoire récente de l'Îlot :
- L'association adopte alors son nouveau projet associatif. Celui-ci est le fruit d’une réflexion approfondie et concertée associant les membres du conseil d'administration, les responsables d'établissement, les travailleurs sociaux et la direction générale de l'Îlot. Le projet associatif relance la vocation initiale de l'Îlot à porter son attention prioritaire à la réinsertion sociale et professionnelle des personnes sortant de prison ou sous main de justice.
- Le Comité régional de l'Organisation sociale et médico-sociale (CROSMS) de Picardie approuve le projet global "Accueil, stabilisation, insertion" qui va conduire à une profonde restructuration de nos maisons picardes : Augustins, Thuillier, La Passerelle, avec des projets sociaux profondément rénovés dans le droit-fil du projet associatif.
- A noter en 2007 également, le lancement de l'opération expérimentale "permis de conduire" destinée à aider d'anciens détenus à passer leur permis (aide au financement et accompagnement dans la progression).
Une nouvelle jeunesse pour nos établissements
À partir de 2008, les restructurations architecturales et les refondations des projets sociaux prennent corps les uns après les autres :
- En 2009, à Amiens, les Ateliers de l’Îlot quittent la rue Colbert pour s’installer dans des locaux neufs construits dans la zone d'activités de Montières.
- Tandis qu’à Paris, nous lançons le dispositif de formation-certifiant « les Ateliers Qualification-Insertion » (AQI). Ce dispositif est déployé par la suite en 2012 à Aubervilliers et en 2016 à Amiens.
- Nos deux centres d’hébergement parisiens République et Ruisseau sont regroupés en 2010, pour mutualiser leurs moyens humains et matériels dans un nouveau foyer dénommé Chemin Vert, entre l'avenue de la République et la rue du Chemin Vert, dans le 11ème arrondissement.
- 2012 est l’année de l’inauguration des nouveaux établissements de la rue des Augustins et La Passerelle, après deux années de travaux de grande ampleur. Le premier voit son projet social recentré sur un public masculin de sortants de prison ou sous main de justice dans des bâtiments entièrement rénovés. Le second regroupe les missions d’accueil d’urgence jusqu’alors installées rue des Augustins (accueil de jour, restaurant social et hébergement de nuit) avec celles déjà en place sur le site de la Passerelle entièrement reconstruit, en y développant en complément une mission d'accompagnement en hébergement de plus longue durée ("places de stabilisation").
- Toujours en 2012, la maison de Villiers-sur-Marne, précédemment gérée par l'association "Marie Michèle", est reprise et étend notre capacité d'accueil en direction des femmes. C'est la naissance de L'Îlot Val-de-Marne, avec deux maisons d'accueil à Vincennes (ouverte en 1977) et Villiers-sur-Marne.
- En février 2019, l’Îlot ouvre une antenne dans le Var, près de Toulon, pour mettre en place un dispositif d’accès à l’emploi innovant pour les personnes très éloignées du marché du travail, avec une attention particulière pour les personnes en lien avec la justice et les « invisibles ». Dispositif qui a reçu le soutien de la Région Sud et de l’Europe.
- En 2022, l’Îlot, lauréate d’un appel à projet lancé par le ministère du Travail, lance de nouveaux ACI dans le domaine agricole et du codage informatique, des secteurs où l’offre d’emploi est forte.
- Toujours en 2022, les deux CHRS du Val-de-Marne, fusionnent en un nouveau bâtiment entièrement rénové à Fontenay-sous-Bois.
Aujourd’hui l’Îlot prend un nouvel élan vers une ère de croissance forte pour accueillir et accompagner davantage de personnes.