La particularité des Augustins est la multiplicité des dispositifs proposés pour mieux couvrir les besoins identifiés par les Services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO), qu’ils relèvent de l’insertion ou de l’urgence, les Services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) ou les services de santé :
- 40 places d’hébergement d’insertion ou en pension de famille ;
- 8 places d’hébergement dans le cadre d’un dispositif de logements temporaires « en diffus » en ville ;
- 11 « Lits halte soins santé » pour des personnes sans-abri devant recevoir des soins de type « soins à domicile » (dont 4 places sont dédiées aux femmes et sont localisées dans le CHRS Thuillier) ;
- 2 places d’urgence pour répondre aux besoins du territoire.
Cette multiplicité de dispositifs répond aux difficultés, elles aussi multiples, que rencontrent les résidents des Augustins dans de nombreux domaines :
- la situation administrative (carte d’identité nationale, couverture sociale, RSA…) ;
- l’endettement ;
- la rupture des liens familiaux et l’exercice de la parentalité ;
- l’adaptabilité au marché de l’emploi avec des savoirs de base insuffisants, voire des situations d’analphabétisme ou d’illettrisme mais aussi la perte de repères spatio-temporels ;
- la restriction de droits civiques, des injonctions ou obligations judiciaires notamment dans le champ de la santé.
Chiffres 2023
Accompagner les résidents dans le respect des mesures judiciaires de santé
Le CHRS accueille des hommes sous main de justice dont certains ont des obligations et des injonctions de soins. L’injonction de soins est une peine prononcée en juridiction de jugement, elle est conditionnée à une évaluation médicale, un médecin coordinateur est garant de son suivi, en cas de non-respect d’une injonction, la personne concernée retourne en prison. L’obligation de soins, elle aussi ordonnée par un juge, est plus « souple » car elle ne nécessite pas d’expertise préalable et repose sur la production d’un justificatif de suivi fourni par la personne concernée.
En 2023, au CHRS les Augustins il y avait 6 personnes avec une injonction de soins en addictologie et 13 avec une injonction de soins psychologiques, ainsi que 19 avec une obligation de soins en addictologie,10 avec une obligation de soins psychologiques. Parmi ces personnes, 7 d’entre elles avaient une double injonction de soins (psychologiques et en addictologie) ou une double obligation de soins.
L’augmentation du nombre de ces personnes adressées au CHRS les Augustins montre que la compétence et le professionnalisme des équipes de l’établissement pour accompagner ces profils sont reconnus par les Conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) et les Juges d’application des peines (JAP).
Un peu d’histoire
Après avoir été pendant plus d’un siècle un établissement scolaire tenu par des sœurs, l’Îlot s’est installé rue des Augustins en 1973 pour venir en aide aux migrants vietnamiens, au cœur de l’actualité de l’époque, puis aux sans-abris.
En 1984 y est transféré le foyer d’accueil de nuit de personnes sans abri, géré par l’association dans le CHRS Thuillier. Par la suite, son activité a été complétée par un accueil de jour. Cet établissement fonctionnait essentiellement avec des bénévoles, qui répondaient avant tout aux besoins primaires des résidents. Fortement désocialisées, les personnes accueillies avaient un lourd passé d’errance sur la ville, certaines d’entre elles ayant connu la prison. Elles étaient systématiquement accueillies au titre d’une mise à l’abri.
En 2007, pour apporter de la continuité dans la prise en charge de publics divers et s’inscrire en cohérence avec son nouveau projet associatif, l’association a entamé la restructuration de l’ensemble de ses établissements à Amiens. C’est en 2012, après une rénovation complète du bâtiment, que le CHRS les Augustins devient un centre d'hébergement et d'accompagnement, accueillant essentiellement des hommes sortant de prison ou bénéficiant d’un aménagement de peine tel que la liberté conditionnelle ou le bracelet électronique (PSE).