Qu'est-ce que le métier de conseiller en insertion professionnelle
Plus communément appelés par leur acronyme, les CIP, les Conseillers en insertion professionnelle, ont pour but d’offrir un accompagnement vers l’emploi à des personnes en difficulté. Chaque personne suivie présente un profil unique, avec ses compétences et problématiques propres, aussi l’accompagnement apporté par les CIP est sur mesure. Il s’adapte aux souhaits, aux possibilités de la personne, mais aussi à la réalité du marché du travail, sans cesse en évolution.
Le public accompagné est varié, il peut s’agir de jeunes en décrochage scolaire, de personnes en situation de handicap, ou de chômeurs longue durée, au RSA ou même de personnes sous main de justice comme celles accompagnées par les Conseillers en insertion professionnelle de l’Îlot.
Les missions en tant que conseiller d'insertion professionnelle
Chaque Conseiller en insertion professionnelle va ainsi recevoir en entretien individuel les personnes à suivre afin d’établir un diagnostic de leur situation vis-à-vis de l’emploi, (parcours scolaire, parcours de formation, expériences professionnelles passées s’il y en a eu), mais aussi faire un diagnostic global de ce qui peut être un frein au retour à l’emploi comme l’absence de logement, des soucis d’addiction, de confiance en soi, etc. Le ou la CIP, oriente alors la personne suivie vers des partenaires extérieurs qui pourront prendre en charge cet autre aspect de l’accompagnement nécessaire à une insertion dans le monde du travail.
Ce double diagnostic requiert à la fois une capacité d'analyse, une bonne écoute, un esprit d’équipe et de réseau pour trouver des solutions ad hoc afin d’optimiser la recherche d’emploi de la personne accompagnée.
Ce diagnostic fait, le ou la CIP peut alors poser, avec la personne suivie, les bases d’un plan de projet professionnel cohérent, adapté aux besoins du marché de l’emploi et aux capacités de la personne accompagnée. La suite du suivi alterne le plus souvent entretiens individuels pour suivre l’évolution de ce projet professionnel et des ateliers collectifs, pour travailler en groupe le savoir-être en entreprise, découvrir des métiers et autres actions qui peuvent être menées conjointement par plusieurs personnes.
Cela exige de la part des Conseillers en insertion professionnelle, en plus de leurs qualités d’écoute et de pédagogie, des connaissances de base en droit du travail, des connaissances des données administratives et socio-économiques liées à l'emploi, une capacité à activer ou réactiver les motivations des personnes suivies.
Comment devenir Conseiller en insertion professionnelle
Quelle formation pour être Conseiller en insertion professionnelle ? Il n'existe pas de formation spécifique pour devenir Conseiller en insertion professionnelle. Toutefois un faisceau de formations permet d’exercer ce métier avec de solides connaissances et compétences.
Les formations de Conseiller en insertion professionnelle
Le site de l’Office national d'information sur les enseignements et les professions (ONISEP) liste ainsi les différentes formations possibles selon le niveau d’études de la personne qui souhaite faire une carrière de Conseiller en insertion professionnelle. Ainsi on peut lire sur « Conseiller en insertion professionnelle fiche métier » :
« Après le bac :
- 3 ans pour préparer une licence professionnelle mention insertion sociale : insertion et réinsertion sociale et professionnelle. 5 ans pour un master en économie, droit, sociologie, intervention sociale, psychologie sociale...
bac + 3 :
- Bachelor universitaire de technologie (BUT) carrières sociales parcours animation sociale et socio-culturelle ;
- Bachelor universitaire de technologie (BUT) carrières sociales parcours assistance sociale ;
- Licence pro mention intervention sociale : insertion et réinsertion sociale et professionnelle ;
- Licence pro mention métiers du conseil et de la formation des adultes.
bac + 5 :
- Master mention intervention et développement social ;
- Master mention psychologie sociale, du travail et des organisations ;
- Master mention sociologie. »
Témoignage de Conseiller en insertion professionnelle de l’Îlot
Conseillère en insertion professionnelle au sein de l’antenne de l’Îlot dans le Var, Sandrine Gandrille a répondu à nos questions sur son parcours professionnel, sa façon d’accompagner vers l’emploi.
Un parcours professionnel tourné vers les autres
Diplômée en psychologie, j’ai toujours travaillé dans l’accompagnement des personnes.
J’ai commencé dans un Centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) où je donnais des leçons de langue française et animais des activités qui structuraient de façon constructive les journées des personnes qui y séjournaient.
Puis j’ai accompagné des jeunes orientés par la Mission locale. Sans diplôme, en échec scolaire ou ayant rencontré des difficultés dans leur parcours éducatif, ils bénéficiaient d’une remise à niveau en matières générales, de réflexion pour la construction d’un projet professionnel, d’ateliers de sensibilisation pour favoriser l’insertion professionnelle et leur socialisation. Nous leur apprenions des bases essentielles, comme la ponctualité, et organisions divers ateliers : théâtre, code de la route, et d’autres axés sur la solidarité, qui me tenaient particulièrement à cœur.
À la suite de cette expérience, j’ai suivi une formation en accompagnement et j’ai obtenu un Diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (DEJEPS) mention Développement de projets, territoires et réseaux. J’ai travaillé en tant que médiatrice sociale dans un quartier prioritaire. Ma mission était d’aider les familles à ouvrir ou maintenir leurs droits, en développant un lien entre les habitants et les institutions. Ce poste m’a permis d’acquérir de solides compétences en accompagnement administratif et social, que j’utilise encore aujourd’hui.
L’Îlot
Et depuis octobre 2020, je suis Conseillère en insertion professionnelle (CIP) à l’Îlot. Devenir CIP a été un prolongement naturel de mon parcours professionnel. Même si le retour vers l’emploi reste l’objectif principal de l’accompagnement que j’apporte aux bénéficiaires des programmes de l’Îlot. Il ne se limite pas à cela : il englobe aussi des problématiques sociales et personnelles, où mes expériences passées sont précieuses. De surcroît, ma formation en psychologie me permet d’avoir la bonne distance émotionnelle pour ne pas me laisser submerger par les difficultés des personnes que j’accompagne, tout en restant à l’écoute et en leur offrant un soutien adapté. C’est essentiel dans notre métier.
A l’Îlot, l’accompagnement que je réalise est fait de rendez-vous individuels. Ces rendez-vous s’adaptent aux besoins propres à chaque personne suivie, selon les points à travailler pour son retour vers l’emploi, ou sur l’urgence du moment si un incident vient perturber le programme prévu. Par exemple, un entretien initialement prévu pour une préparation à l'emploi peut être réorienté vers un bilan de santé si je perçois que cette dimension est prioritaire.
Je travaille aussi en lien avec d’autres associations ou structures, comme une association d'accueil de jour locale où je tiens une permanence hebdomadaire, le Centre de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) avec lequel j'ai des échanges réguliers si la personne accompagnée présente des freins de cet ordre, l’association "Autre Regard", qui accompagne les personnes sortant de réseaux de prostitution et les oriente vers moi pour leur insertion professionnelle, etc.
Des parcours marquants
Certains parcours m’ont particulièrement marquée. Ce sont souvent des personnes très isolées, perdues socialement, qui manquent de repères et de soutien. Leur accompagnement vers l’emploi est un processus long, mais essentiel. L’objectif est de leur offrir un cadre et un suivi pour les aider à retrouver progressivement une autonomie.
Par exemple, Mathieu (suivi depuis 2022), Pauline et Vincent (suivis depuis 2023), ainsi que David (depuis 2021), font partie de ceux qui restent en contact régulier avec moi. Ils ont connu des situations précaires, alternant entre petits boulots au noir, intérim ou contrats courts. L’un d’eux, incarcéré en région parisienne, est venu s’installer dans le sud après sa libération, pensant pouvoir retrouver une personne de sa famille qui comptait pour lui. Malheureusement, à son arrivée, il a appris son décès et s’est retrouvé sans logement ni soutien. Nous avons travaillé ensemble pour stabiliser sa situation. Il a commencé par un emploi en intérim d’insertion, puis a été prolongé plus d’un an dans la même entreprise. Cela lui a permis d’obtenir un logement, et il a finalement décroché un CDI.