Samia est arrivée à l'Îlot Val-de-Marne le 20 décembre 2014, après avoir composé le 115. Ayant toujours travaillé comme auxiliaire de vie auprès de personnes âgées, sans en avoir le diplôme, Samia était arrivée en France quelques mois auparavant pour s’occuper d’une vieille dame qui l’hébergeait en retour, et d’autres personnes d’Evry (91). Elle avait pour cela quitté l’Italie, où elle avait passé plus de 20 ans et obtenu la nationalité italienne, mais où elle ne trouvait plus de travail.
En France, le Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi (Plie) d’Evry l’avait orienté vers un stage de remise à niveau proposé par la Chambre de Commerce et d’Industrie, en vue de suivre une formation diplômante financée par la Région. C’est pendant ce stage de remise à niveau que Samia a perdu son logement : contrainte de renoncer à travailler, hormis le week-end, elle ne pouvait plus régler son "loyer" auprès de la personne qui l’hébergeait.
PREMIERS JOURS À L'ÎLOT
Les premières semaines de Samia à l’Îlot Val-de-Marne furent difficiles : « Ma famille, mes amis, sont au Maroc ou en Italie. Ici, je ne connaissais personne, je me sentais très seule. Et puis je ne parlais pas très bien français, il fallait que j’apprenne. Le soir, seule dans ma chambre sans télévision, c’était dur, vraiment dur. Je travaillais, mais juste le week-end. Quand la formation a commencé ça m’a aidée… »
C’est en février que sa formation diplômante a commencé. Une formation rémunérée qui lui a permis de faire valoir son expérience et de se faire des amis. En juin, Samia a obtenu le Diplôme d’Etat d’Auxiliaire de Vie Sociale (DEAVS).
A l’Îlot, elle a été accompagnée depuis le début par la même éducatrice, qui constate : « c’est une personne très courageuse, qui a tout fait pour s’en sortir. Cette formation de 5 mois, c’était intensif. »
Samia en témoigne : « la formation durait toute la journée. Quand je rentrais le soir, il fallait vite me faire à manger, préparer à manger pour le lendemain, réviser, dormir. Le week-end, j’ai dû arrêter de travailler pour me reposer. »
Elle poursuit : « j’ai commencé à travailler au mois d’août. Entre-temps j’ai enfin pu me rendre au Maroc pour voir mon père qui a un peu d’âge. Ça m’a fait du bien même si ce n’était que 15 jours. Mais les billets sont très chers. Mes économies y sont passées. »
ENCORE UN PEU DE CHEMIN À PARCOURIR
En CDI depuis quelques semaines auprès d’une association d’aide à domicile, Samia donne entière satisfaction à son employeur… mais n’est pas encore complètement tirée d’affaires : « Actuellement, je gagne 600 euros par mois. Ce n’est pas assez pour trouver un logement à moi, il faut que j’arrive à faire des heures en plus… » Avec son éducatrice, elle s’est fixé plusieurs objectifs : améliorer sa maîtrise du français, finaliser sa demande de logement social, et compléter ou augmenter la durée de son travail à temps partiel… Autant d’objectifs que les constants déplacements « à pied, en bus, en métro… » pour exercer son métier rendent difficiles à atteindre immédiatement. Mais Samia est persévérante, et nous l’épaulerons encore quelques mois.
De cette année qu’elle vient de passer à l’Îlot Val-de-Marne, Samia retient « beaucoup de changements ». Et l’impression « que nous sommes une famille ». « Il y a des sorties, quelque fois on mange ensemble, on fait un barbecue… Avec mes horaires de travail, j’ai seulement pu participer à une sortie. C’était au musée, ça m’a plu. Et les gens sont gentils, serviables, ils font tout pour tout le monde. » Quant à l’avenir, elle espère qu’il lui permettra d’avoir enfin un vrai travail, si possible à Vincennes, dans cette ville qu’elle a appris à connaître et à apprécier.