En quoi consiste votre métier au sein de l’Îlot ?
Mon métier est très varié, il y a d’un côté la partie accompagnement et formation de nos salariés en insertion et d’un autre côté, la partie production et organisation de la cuisine centrale. On se positionne tout d’abord sur l’accueil et l’accompagnement des salariés sur leurs premiers contrats. Ensuite tout au long de leur parcours, nous les évaluons avec une transmission de savoir-faire et de savoir-être. Le but est de les former au maximum pendant les 24 mois qu’ils passent avec nous, afin qu’ils puissent trouver un emploi dans les métiers de la restauration.
Comment formez-vous les personnes en réinsertion au métier de la restauration collective ?
Cela dépend du niveau de la personne quand elle arrive, certains ont déjà une petite expérience à leur arrivée, d’autres non. La première semaine, on leur fait découvrir les locaux et leur fonctionnement. Ils découvrent ce qu’est le métier de la restauration, l’organisation spécifique due à la spécificité des repas livrés, du self et du service traiteur. On leur propose un accompagnement personnalisé et individuel. L’important c’est qu’ils se sentent insérés dans le groupe et à l’aise avec les personnes déjà présentes depuis un certain temps. Ensuite, à l’aide d’ateliers, nous évaluons leurs compétences sur le domaine de la cuisine, le maniement et le fonctionnement du matériel, comme les fourneaux par exemple.
Qu’attendez-vous des salariés en insertion de votre équipe ?
Dans un premier temps, qu’ils soient volontaires, qu’ils aient envie d’apprendre. Nous ne les obligeons pas à venir ici. Aussi, qu’ils respectent les règles, en société mais aussi en entreprise. Certains salariés, éloignés de l’emploi depuis longtemps n’y sont plus habitués, il faut donc qu’ils réapprennent les règles de vie en collectivité, en entreprise.
Quelles sont les compétences professionnelles que vous valorisez le plus en tant qu’encadrant d’atelier cuisine à l’Ilot ?
La compétence que je valorise le plus c’est la rigueur. La restauration est un métier qui demande beaucoup de rigueur, et d’organisation. Cela demande également beaucoup d’envie et de motivation de la part des salariés.
Selon vous, en quoi les métiers de la restauration collective sont bénéfiques pour les personnes sortant de prison ou en lien avec la justice ?
C’est un métier qui est difficile mais très valorisant car on se donne à fond pour faire plaisir à l’autre. Nous consacrons tout notre temps et notre énergie à les former. Après, c’est à eux de donner leur maximum afin de satisfaire les clients, de les servir. C’est pour cette raison que j’ai toujours considéré qu’il s’agissait d’un très beau métier, parce que l’on est au service de l’autre, pour lui faire passer un bon moment et lui faire oublier le reste de la journée qui a pu être morose. Pour eux, c’est la roue qui tourne. Ils ont pu connaitre des périodes difficiles, et aujourd’hui, après avoir bénéficié d’une formation, c’est à leur tour de transmettre un moment de plaisir et de bonheur à leurs clients.
Qu’est-ce qui vous procure le plus de plaisir dans votre travail ?
Ce qui me procure le plus de plaisir, c’est lorsqu’un salarié s’en va. C’est toujours compliqué de se séparer d’un salarié, puisque l’on créer des liens avec eux. C’est comme dans une entreprise classique, on ne veut pas se séparer d’un bon élément, mais finalement c’est la continuité et la finalité de notre métier. C’est de les faire évoluer et les faire partir le plus tôt possible. S’ils partent, c’est que nous avons bien fait notre travail.