À la suite des décisions gouvernementales, les Ateliers ont fermé le 16 mars en fin de matinée, mettant l’Auto bleue, la Menuiserie et l’Îlot gourmand en situation d’inactivité professionnelle pour deux mois, exception faite de quelques salariés présents en cuisine ou dans les centre des Augustins, de La Passerelle et de Thuillier afin de continuer à fournir les repas aux bénéficiaires de nos trois centres d’hébergement amiénois, et de quelques salariés du nettoyage automobile participant à l’entretien de ces établissements. Pour la plupart des salariés en insertion de nos Ateliers, rester confiné à domicile a été synonyme de solitude et de difficultés sociales et économiques, plus particulièrement celles liées aux addictions qui, sans activité pour se faire oublier, ont ressurgi de plein fouet. La crise sanitaire a également impacté celles et ceux en fin de parcours chez nous qui, après avoir trouvé un emploi, ont vu la signature de leur contrat annulée, les laissant dans une incertitude quant à leur futur et aux possibilités professionnelles post-covid.
Les deux conseillers en insertion professionnelle (CIP) des Ateliers, tous deux en télétravail, ont poursuivi l’accompagnement des personnes pour l’essentiel par téléphone mais cette distanciation physique a été mal vécue par la plupart des personnes accompagnées, pour lesquelles le face à face et le dialogue en présentiel sont essentiels, ne serait-ce que pour rompre l’isolement qu’ils subissent pour certains depuis de nombreuses années.
Une reprise progressive du travail
Dès le 11 mai, la plupart de nos salariés en insertion ont peu à peu réinvesti les Ateliers, en commençant par ceux de l’Îlot gourmand et de l’Auto Bleue. Le redémarrage de ce dernier semble porteur pour ce qui est de son activité mécanique et réparations, probablement grâce au bouche à oreille pendant le confinement et à la réputation de l’Atelier pour sa qualité et la rapidité de ses prestations de services. « J’ai été rappelée par tous les clients qui avaient rendez-vous pendant la période de confinement, le 11 tout était bouclé. » nous affirme Aude Cantrel, secrétaire comptable de l’Auto bleue.
Et depuis le 8 juin, le self ouvert aux particuliers dans la zone industrielle de Montières a redémarré. Nous y avons installé une terrasse afin de respecter les conditions d’accueil du public dans les Hauts de France. Bien évidemment, cette reprise s’est faite de manière adaptée pour permettre à nos salariés en insertion de retrouver peu à peu leurs repères. En premier lieu, la prise en compte et le rappel des gestes barrière et de distanciation sociale, avec notamment l’installation de plaques de plexiglas dans les bureaux des CIP et encadrants technique. « Cela crée comme une barrière invisible dans les dialogues et l’accompagnement des personnes, mais il va falloir s’adapter. »
Après des semaines d’inactivité et pour certains d’isolement social, un temps de réadaptation a été nécessaire aux salariés en insertion des Ateliers pour retrouver leurs repères, se remettre dans une dynamique de groupe, accepter les contraintes et se conformer aux consignes données par leur hiérarchie.
Ce temps de réadaptation a été associé à une organisation permettant une reprise progressive comme à l’Auto bleue où les premiers jours, choix a été fait de ne prendre les demandes que de deux clients par jour laissant le temps aux encadrants techniques d’échanger avec les salariés en insertion afin que ces derniers s’habituent de nouveau peu à peu à la fatigue que ces activités de manutention, dans un environnement très bruyant, peuvent engendrer.
Par ailleurs, certains salariés ont été contraints d’aménager leur temps de présence du fait de la réduction de l’offre publique de garde d’enfant. « Ecoles, crèches et centres de loisirs ne sont pas forcément ouverts et les personnes que nous accompagnons n’ont pas toujours de soutien familial ou de ressources financières permettant de parer cette absence de garde d’enfant du public. ».
Cependant, il faut noter que les salariés qui ont repris sont revenus avec soulagement. Ils sont heureux de sortir de chez eux, de retrouver un rythme, leurs collègues, malgré les quelques difficultés évoquées précédemment liées à la garde d’enfant et au passage d’une situation d’isolement à une situation de vie de groupe. « Certains commençaient à s’ennuyer », nous confie Aude Cantrel, « parfois les difficultés familiales ont été accentuées. On va d’ailleurs tâcher de faire revenir l’un de nos salariés encore en chômage partiel car on sait que c’est problématique pour lui de rester chez lui. »
« On ne fera pas de miracle cette année »
L’année 2020 risque toutefois de rester profondément bouleversée par le confinement et la crise économique qu’engendre l’épidémie de Covid 19. Certains salariés ont vu en effet leurs projets de formations s’interrompre. C’est le cas d’un de nos salariés qui était convoqué à une action de recrutement conjointe entre Pôle Emploi et Amazon, permettant de préparer à un titre professionnel via une immersion chez l’employeur et pouvant ouvrir à des missions d’Intérim longues.
Pour les personnes dont le projet n’était pas de poursuivre sur une formation mais de trouver un emploi, les choses semblent aussi compliquées puisque la restauration et l’automobile sont deux secteurs touchés de plein fouet par la crise. Les perspectives d’emploi se sont nettement amoindries et l’incertitude plane quant à un retour à l’embauche de ces secteurs. L’année 2020 risque donc d’être une année difficile en termes d’insertion professionnelle de nos salariés.
Si la mission de sortie positive, c’est-à-dire celle de donner la possibilité aux personnes que nous accompagnons de quitter nos Ateliers avec un contrat en poche ou avec un projet abouti de formation, sera mise à mal cette année, celle de former, d’apporter un cadre et un accompagnement global à chacun est plus que jamais essentielle pour leur permettre de trouver leur place dans notre société et y contribuer économiquement.