02/04/2024
Monsieur M. cherchait à faire restaurer sa voiture de collection, une Peugeot 403 de 1964, quand il a entendu des retours élogieux sur le travail accompli par l’équipe dirigée par Florian dans la section carrosserie d’Auto Bleue. C’est donc à ce chantier de réinsertion de l’Îlot qu’il a confié ce travail exigeant.
Quel rapport entretenez-vous avec vos voitures ? Où les trouvez-vous ? Combien en avez-vous ?
C’est ma deuxième voiture de collection. J’ai une passion pour les vieilles voitures, comme certains avec les voitures de course, d’autres les cabriolets ou les 4x4. Juste faire tourner le moteur et sentir l’odeur de voiture ancienne, c’est merveilleux ! Cette voiture a très peu roulé. Je l’ai achetée il y a une quinzaine d’année via une annonce postée sur les réseaux sociaux à un collectionneur à Chantilly qui en avait à peu près une cinquantaine et qui se séparait de certaines d’entre elles car il avait besoin de faire de la place.
Pourquoi avez-vous confié votre voiture à restaurer à Auto Bleue ?
Elle venait de passer avec succès le contrôle technique. Elle avait été très bien stockée, ce n’est pas une voiture que j’utilise au quotidien, c’est juste pour le plaisir de la faire rouler de temps en temps. Ce qui a été le déclencheur pour la faire restaurer de faire la connaissance d’un jeune, ancien salarié en CDDI d’Auto Bleue qui disait beaucoup de bien de Florian et de son travail.
J’ai voulu faire sa rencontre et j’ai découvert ses compétences. Je n’aurais pas laissé quelqu’un toucher à ma voiture sans un fort lien de confiance. En plus du talent de Florian, j’étais sensible au côté réinsertion de ce garage. J’ai fait beaucoup de social. Cela me touche de savoir que c’est un lieu où des gens peuvent apprendre quelque chose.
J’ai donc donné carte blanche à Florian pour la restauration, sans imposer de délai de livraison pour qu’elle puisse vraiment être un objet d’apprentissage.
Que pensez-vous du travail accompli ?
La voiture est nickel et on voit que Florian a eu du plaisir à la restaurer. C’est aussi ce qui fait que je la lui ai confiée. D’ailleurs depuis nous sommes devenus amis. Je suis très content du résultat, c’est au-delà de ce que j’espérais. J’ai hâte de pouvoir rouler à nouveau avec. C’est mon plaisir ! Je partage cela avec mon fils de 15 ans qui commence à avoir la même passion que moi. Lui aussi aime faire un tour dans cette voiture, il y est très attaché. J’en suis ravi.
Je tiens à remercier Florian et les salariés de l’Auto Bleue de l’Îlot pour le travail accompli pour faire d’une vieille voiture une jolie voiture.
Quelles étaient les réparations à apporter à la voiture de collection ?
La carrosserie était rouillée, perforée et la peinture passée. Nous avons été mandatés par Monsieur M. pour refaire la carrosserie seulement (le moteur est OK), nous n’avons fait ni le changement des vitres d’origine, ni changé les fauteuils. Pour le travail de sellerie nous avons fait un nettoyage du cuir. Rien n’a été démonté, sauf les phares, pour éviter la casse d’écrous anciens et modifier les alignements d’origine.
Quelles tâches ont été confiées aux salariés ? Qu’est-ce que cette restauration leur a apporté en matière de connaissances techniques et de motivation ?
Sur cette voiture ils ont appris des choses différentes. Contrairement à une voiture contemporaine où ils apprennent la réparation, là ils ont appris la restauration. Les procédés et les produits ne sont pas les mêmes. Cela leur a permis de monter en compétences et de découvrir davantage d’étapes du métier de carrossier.
Refaire la carrosserie de ce véhicule ancien a consisté en premier à poncer l’ancienne peinture et la rouille présente sur les divers éléments. Pour les parties perforées et rouillées nous avons dû faire des « greffes d’éléments », c’est-à-dire découper dans la tôle d’origine les parties abîmées et irrécupérables et reformer les arrondis d’origine sur une tôle « donneuse », une tôle neuve. On pose de l’antirouille, on traite la tôle, ensuite on procède au masticage – c’est comme de l’enduit sur un mur – puis au ponçage. Cette étape doit être exécutée avec beaucoup de finesse et une grande minutie, cette « greffe » doit être invisible, il ne doit rester aucun défaut, aucune irrégularité, car la peinture se compte en micron et le moindre défaut se voit.
Les salariés ont donc travaillé sur la mise en apprêt pour isoler les défauts, le masticage et le ponçage de l’apprêt dit « callage ». Pour cela ils ont appris la granulométrie, qui est le process pour obtenir une finition parfaite. Selon le véhicule on commence le ponçage avec du 80 puis du 120, c’est le décapage avec des rayures toujours plus fines pour que le rendu soit complétement lisse. C’est un apprentissage des techniques et des gestes.
Ils ont aussi été formés à la création de peinture via un spectophotomètre E qui définit la couleur d’origine et permet de recréer la nuance à l’identique. En revanche je me suis chargé seul de l’étape peinture car la maîtrise du geste parfait est longue à acquérir. Peindre une carrosserie ne s’improvise pas.
Les produits ont des compositions à respecter scrupuleusement. Ces produits doivent s’assembler jute avant l’utilisation. Il n’y a pas de produits finis « prêts à l’emploi ». Il faut savoir bien lire les dosages et se conformer aux différentes graduations. C’est très technique et cela peut véritablement changer le résultat final.
En plus des compétences techniques je leur apprends à être très organisé, rigoureux et minutieux, ce sont des qualités indispensables pour être bon carrossier. Un recruteur va tout de suite voire si ces qualités sont acquises. Être organisé cela fait partie des conditions d’embauche pour les recruteurs et de confiance pour les clients qui s’adressent à nous.
Est-ce que c’est courant de travailler sur de telles pièces ?
Non, ça reste rare. En concession ils n’auraient pas l’opportunité de travailler sur une telle pièce. Cela a permis de les rassurer sur leurs capacités car ils ont commencé sur une pièce d’exception. C’est gratifiant pour eux cet avant-après. Je montre toujours aux clients ce qui a été effectué par tel ou tel salarié. Là sur une telle pièce la différence entre le avant/après est drastique. Les salariés ont beaucoup aimé ce projet car il change du quotidien. Dans ce métier restaurer une voiture ancienne c’est le Graal.
Carrossier c’est un métier de patience, il faut respecter les temps de séchage. C’est aussi un métier qui demande du calme, de la minutie. Je vois les salariés acquérir ces qualités au fur et à mesure. Ce sont des choses qui leur seront utiles sur le long terme quel que soit leur métier.
"Je tiens à remercier Florian et les salariés de l’Auto Bleue de l’Îlot pour le travail accompli pour faire d’une vieille voiture une jolie voiture." Monsieur M., propriétaire de la voiture.
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