« Carrossier de métier dans une concession automobile j’éprouvais une certaine lassitude pour ce métier. Je ressentais le besoin d’avoir un travail avec du sens, un travail où l’on a plaisir à transmettre ses compétences et son savoir-faire.
Je connaissais déjà l’Îlot car j’y avais travaillé un mois en 2015 dans la section nettoyage de l’Auto Bleue. Cela m’avait permis de découvrir le milieu de la réinsertion, d’où ma volonté de revenir y travailler. C’est important de pouvoir sortir les gens de la galère. Qu’ils se sentent épaulés sans être jugés sur leur passé. Leur faire découvrir en eux des valeurs et des capacités qu’ils ne pensaient pas avoir.
Je commence par leur confier des tâches qui ne sont pas trop laborieuses pour leur apprendre d’abord à être organisés et minutieux. C’est indispensable. Dans l’atelier des photos affichées aux murs expliquent les différentes étapes de préparation de la carrosserie avant la peinture. Je réalise tout cela devant, afin qu’ils soient - dans un premier temps - dans l’observation, car appliquer la peinture sur une carrosserie est une technique qui s’apprend sur le long terme. Cette observation leur permet de voir l’importance de ces différentes étapes.
Lors de la restitution des véhicules à leurs propriétaires, je mentionne toujours le travail réalisé par les salariés. Cela leur donne un sentiment de fierté et les valorise, ils se sentent reconnus. C’est une excellente motivation pour venir travailler. En étant à leur contact au quotidien j’ai appris à deviner leurs failles, telles que le manque de confiance en soi, et dans mon travail d’encadrant j’adapte mon enseignement en fonction de celles-ci afin de les accompagner au mieux. Ils ont un grand besoin de parler, d’échanger…
En plus de leur apprentissage et je les mets aussi en relation avec des garages. J’ai permis à un sortant de prison de décrocher un stage dans un garage de carrosserie-peinture Renault, qui a débouché sur un CDI. Une autre salariée de l’Auto-Bleue qui était une demandeuse d’emploi longue durée l’a rejoint dans cette concession et a, elle-aussi, décroché un CDI. Je suis heureux de cette ascension. En environ 7 mois, ils sont passés de néophytes à professionnels. C’est une belle réussite."
