L’Atelier et chanter d’insertion de recyclage textile, Valor’Îlot, a un an

Un premier bilan positif

Cette première année d’activité de l’Atelier et chantier d’insertion de recyclage textile « Valor’Îlot » a été marquée par un bilan de l’administration pénitentiaire en présence des membres de la Directions interrégionales des services pénitentiaires (DISP), du Centre pénitentiaire de Beauvais, du Services pénitentiaires d'insertion et de probation de l'Oise (SPIP 60), de l’Agence du travail d'intérêt général et de l'insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice (ATIGIP), de l'Îlot, de Inter Réseaux de l’Insertion par l’Activité Economique en Hauts-de-France (IRIAE HDF), et de la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DREETS)

Cet événement a été introduit par un très beau discours de Madame Sophie Bleuet, directrice interrégionale des services pénitentiaires de Lille, soulignant l’importance de bénéficier de la possibilité de travailler « L’administration pénitentiaire a deux missions principales : surveiller les détenus et prévenir la récidive. […] Il est nécessaire de faire du travail en détention un véritable outil d’insertion, favorisant la lutte contre la récidive » et la plus-value d’un accompagnement social comme celui dispensé par l’équipe de l’Îlot.

D’où la création de l’ATIGIP en 2018 qui a pour mission de développer le travail d’intérêt général, dynamiser l’activité professionnelle en prison et construire des parcours d’insertion. Actuellement, seulement 31 % des détenus travaillent en prison, contre 50 % en 2000. La réforme du travail pénitentiaire, en vigueur depuis mai 2022, vise à rapprocher le travail en prison de celui à l’extérieur, valoriser les efforts de réinsertion et attirer de nouvelles entreprises.

« Au sein du parcours du détenu, le passage par l’IAE constitue un sas et doit servir de tremplin en vue de préparer la sortie par la mise en place d’un accompagnement créant un lien dedans-dehors.
[…] Et nous sommes ici, aujourd’hui au centre pénitentiaire de Beauvais pour découvrir l’atelier porté par l’Îlot, de tri de vêtements et découpe de chiffons industriels, implanté depuis le 6 novembre 2023. Au 18 novembre, 10 PPSMJ travaillent au sein de cet atelier, et les 2 tables rondes de ce jour vont nous permettre de comprendre le rôle de l’insertion par l’activité économique en détention grâce à nos partenaires institutionnels mais également le fonctionnement quotidien de cet atelier grâce aux témoignages des personnels de l’administration pénitentiaire et des opérateurs qui y sont affectés. » conclue Madame Sophie Bleuet

Cette première année d’activité a également donné lieu à une capsule vidéo financée par la DREETS des Hauts-de-France et réalisée par Graphic Opera.

L'atelier et chantier de réinsertion sociale au sein du centre pénitentiaire de Beauvais

Fabienne MALRIQ, Cheffe du pôle du service public de l'insertion
« Les services du SPIP de la DDETS et du centre pénitentiaire de Beauvais ont réfléchi à la mise en place d'une structure d'insertion par l'activité économique.

Dans un premier temps, les structures ont évalué les potentiels physiques pour une activité dans le centre pénitentiaire. La DDETS a sollicité le réseau des acteurs de l'insertion par l'activité économique pour connaître les structures qui pourraient être motivées et s'impliquer dans ce dispositif. Le directeur du centre pénitentiaire a choisi l’Îlot et son activité actuelle pour accompagner des personnes en insertion au sein de la structure. Ce qui équivaut à 6 ETP - équivalents temps plein - à près de 171 000 € de financement de l'État via la DDETS. »

Lionel LECOMTE, directeur du service pénitentiaire d’insertion et de probation de l’Oise
« La mission principale du SPIP est de lutter contre la récidive des délinquants et des criminels. L'intérêt de l'insertion professionnelle en établissement pénitentiaire est double. La recherche internationale a démontré depuis une cinquantaine d'années qu'il diminuait de manière effective le niveau du risque de récidive, et il a été évalué à 13 %. Le 2e élément est conjoncturel, on sait aujourd'hui que le niveau de risque est très élevé les jours qui suivent la libération. Avoir une continuité de travail est essentielle à ce niveau-là. La continuité de suivi dedans-dehors est essentielle. Elle est inscrite dans les missions du SPIP et elle garantit une baisse du niveau de risque de récidive. »

Marie GOMES, directrice des services pénitentiaires en charge de la détention CP Beauvais
« Si on part des missions de l'administration pénitentiaire, c'est de prévenir la récidive et de favoriser l'insertion professionnelle et sociale des personnes qui nous sont confiées. Ces missions démarrent dès l'incarcération et se poursuivent à la sortie. Les personnes détenues, c'est un public qui est ciblé par les dispositifs d'insertion par l'activité économique. Notre mission, c'est de faciliter l'accès à ces dispositifs. L'objectif de la SIAE - structure d'insertion par l'activité économique - c'est de confronter dès l'incarcération les personnes qui sont éloignées de l'emploi, aux exigences du marché du travail. L'implantation donc de cette structure au sein de l'établissement de Beauvais se traduit par un travail qui a été conjointement mené par l'établissement pénitentiaire, le SPIP – évidemment - la DISP et également la DDETS. Plusieurs appels à projets ont eu lieu avec de nombreuses activités présentées et c'est l'activité de l'Îlot qui a retenu particulièrement notre attention car elle présentait des garanties importantes en termes de réinsertion des personnes détenues. »

Ludovic GOREZ, responsable Ateliers et chantiers d’insertion 80 et 60 de l’Îlot
« Ici, à Beauvais, avec le concours de Solex Oise et des Emmaüs Beauvais, nous avons 2 ateliers, un sur le tri textile et un sur la découpe de chiffons d’essuyage. L'Îlot existe depuis plus de 50 ans. Sa mission est d'accompagner les personnes qui ont des difficultés quant au logement mais aussi sur les problématiques liées à la justice. L’intérêt d'être installé, implanté ici, sur ce centre pénitentiaire, c'est de pouvoir commencer à accompagner avant la sortie des détenus qui sont salariés chez nous pour éviter la récidive par la suite. Les tâches qui sont faites ici par les opérateurs, qui sont sur cet atelier, vont aller sur la découpe de chiffons d'essuyage. Elles vont aller aussi sur le tri du textile. Le tri, ça veut dire quoi ? Ça veut dire faire en sorte qu'un un vêtement soit réutilisable, donc ça va passer par le repassage par exemple, mais aussi le tri homme/femme par âge, par saison, … On va trier du textile qui va repartir après dans la filière au profit de personnes qui ont très peu de moyens. Le bénéfice pour un salarié dans cet atelier, c'est déjà de pouvoir sortir de sa cellule. C'est de se resociabiliser, de travailler en équipe, de pouvoir aussi faire quelque chose, une vocation sociale. Grâce à cet atelier, les salariés vont reprendre confiance en eux et la sortie deviendra quelque chose de positif. »